Archives de catégorie : L’Eglise au féminin

Les femmes de la Bible 7: Myriam de Magdala

La disciple passionnée


Marie-Madeleine serait née en l’an 3 de notre ère et aurait été la  fille de l’archiprêtre Syrus le Yaïrite, prêtre de David. Son père officiait dans la synagogue de Capharnaüm. Eucharie, sa mère, aurait appartenu à la lignée royale d’Israël, mais non davidique. Originaire de la ville de Magdala (de l’hébreu migdal, « tour »), sur la rive occidentale du lac de Tibériade, Marie de Magdala était une femme qui, selon le Nouveau Testament, a été délivrée d’une grave maladie psychique (sept démons) par Jésus  (Evangile de Luc, VIII, 2). Elle devint une de ses disciples — peut-être la disciple femme la plus importante du Christ —, et le suivit jusqu’à sa mort (Evangile de Marc, XV, 40-1).

Elle est également la femme la plus présente du Nouveau Testament. Elle fut le premier témoin de la Résurrection de Jésus (Évangile de Marc, XVI, 1s ; Evangile de Matthieu XXVIII, 9), mais elle ne le reconnaît pas tout de suite, et essaie de le toucher, ce qui lui vaudra la phrase : « Ne me touche pas ».

Elle est très présente, de diverses manières, dans la tradition chrétienne : tantôt comme que figure antithétique de Marie, la vierge-mère, elle exprime alors le personnage de la pécheresse repentie. Et, on la représente alors avec les cheveux défaits, répandus sur son corps presque dénudé, comme une des prostituées de Palestine, mais les mains jointes et/ou à genoux. Elle porte parfois le prénom de Marie-Madeleine. Tantôt comme la disciple fidèle et passionnée. Ou encore comme la leader féminine du ‘groupe de disciples de Jésus’, en concurrence avec Pierre, et proche de Jean. C’est ainsi qu’un texte apocryphe, du codex de Berlin, écrit en copte à la fin du II° s. porte son nom L’Evangile de Marie. Il fait état de dialogues entre Jésus et Marie, la positionnant comme son interlocutrice privilégiée, et porte un éclairage différent sur l’homogénéité du groupe qui suivait Jésus, moins parfaitement aimant, devant aussi parfois gérer des conflits.

Marie de Magdala est la figure de l’amour pour Jésus. Cela lui permet de rester en contact proche avec lui, depuis le moment où elle le rencontre jusqu’à sa mort. Et, à sa résurrection, de faire le chemin de reconnaissance (voir le texte de G. Haldas, notamment)  qui permet que la relation reprenne vie. Amour qu’elle reçoit aussi de lui, comme ses autres proches. Selon  l’Evangile de Jean, elle sera envoyée par le Ressuscité auprès des autres pour leur annoncer le commencement de cette vie nouvelle avec lui. Cela même en fait une apôtre à part entière puisqu’elle répond aux deux critères qui déterminent généralement cette f onction : avoir été présente aux moments les plus importants de l’existence de Jésus (en particulier : sa mort  – rappelons qu’elle a fait partie des rares personnes présentes au pied de la croix – et sa résurrection) et avoir été envoyée, par lui, comme porte-parole.

Elle est ainsi un exemple d’une vie féminine de disciple, entièrement accomplie.

On peut lire encore à son sujet :

Histoire du texte :  Bernadette Neipp, Marie-Madeleine femme et apôtre. La curieuse histoire d’un malentendu.

Iconographie : Régis Burnet, Marie-Madeleine (Ier XXIe siècle) : De la pécheresse repentie à l’épouse de Jésus : histoire de la réception d’une figure biblique.

Méditation : Georges Haldas, Mémoire et résurrection.

Images  du haut : Marie Madeleine repentante, 1593-94, Huile sur toile, Rome

Portraits d’aujourd’hui, Sylvie Keuffer

Nom : Keuffer
Prénom : Sylvie

Lieu et tâche : Paroisse de la Sallaz-Les Croisettes, Lausanne – Epalinges.
⁃    J’occupe actuellement un poste paroissial à 70% et je suis animatrice TN pour la région à 30%

Trois questions :

1.    En tant que femme, comment vivez-vous votre ministère ? Est-ce que le fait d’être une femme a été plutôt un atout ou un handicap ?
– Ni un atout, ni un handicap me semble-t-il, ou ni plus ni moins que dans le reste de ma vie en général. Cela dit, je suis heureuse d’être une femme qui s’exerce à bien vivre son ministère !

2.    Présentez nous un livre qui vous a porté ces derniers temps et dont vous conseillerez la lecture.
– Alexandre Jollien: Le philosophe nu, aux éditions du Seuil qui a suscité une quantité impressionnante d’articles  dans la presse, donc je ne rajouterai rien sinon qu’il vaut vraiment la peine d’être lu.
Ou alors un roman pas tout récent de Richard Russo, un excellent auteur américain contemporain: Le pont des soupirs, éd.10/18, qui nous interroge sur le regard que nous portons sur nos aspirations et sur notre vie, ou le livre d’Alix de Saint-André: En avant, route , chez Gallimard qui donne une furieuse envie de s’embarquer sur le chemin de Compostelle ou le dernier livre de Frédéric Lenoir: Petit traité de la vie intérieure, qui reflète bien la spiritualité contemporaine ou… ou…Une ancienne libraire ne peut pas parler que d’un seul livre !

3.    Dans la Bible, pouvez-vous choisir un personnage, un épisode ou un verset qui vous porte actuellement ?
– Je me sens un peu Marthe, qui s’agite, qui s’inquiète…

4. Un texte liturgique :
Pourriez-vous nous transmettre un texte liturgique que vous aimez ou que vous
avez composé ?

Vivante

Règle de la Communauté des Diaconesse de Reuilly

Deviens vivante et reste vivante
L’Esprit de Dieu t’invente à tout instant
Repousse la tentation de t’immobiliser
dans les choses comprises, même
parmi les plus grandes et les plus belles.

Reçois chaque jour le don de la nouveauté
de Dieu et de tes frères ( et sœurs)

Donne force et stabilité à ton engagement
mais ne t’enferme pas dans des formules
ou des habitudes dépourvues de vie.

Les cellules de ton corps à tout instant
se modifient et
l’ordre du monde se découvre sans cesse.
Comment la vie que t’infuse l’Esprit
serait-elle moins créatrice ?

Avance vers ce Dieu toujours plus grand,
Ce Dieu sans frontière.
Il t’a enclose dans tes limites,
Mais leur espace est si vaste que
Tu n’en feras pas le tour sur cette terre.
Laisse-toi gagner par l’admiration et connais
Avec tous les saints quelles est la largeur,
La hauteur, la longueur et la profondeur
de l’amour de Dieu
qui surpasse toute connaissance.

Journée mondiale de prières des femmes

Journée mondiale de prière des femmes 2011www.wgt.ch

annoncée pour 2012 en Malaisie

Que la justice prévale!

Les femmes de Malaisie écrivent dans leur liturgie l’importance qu’elles attachent à la paix. La coexistence pacifique de personnes aux cultures et aux religions si diverses, issues de peuples si nombreux, est un défi important qui semble avoir été relevé avec succès en Malaisie. Les auteures dénoncent toutefois les inégalités, les injustices, la corruption, la cupidité et la violence dans leur société, comme le prophète Habaquq l’avait fait en son temps. La paix ne peut être véritable que si la justice garantit une vie digne d’être vécue. En nous proposant la parabole de la veuve obstinée (Lc 18, 1-8), les femmes de Malaisie nous encouragent à persévérer dans notre engagement à faire triompher la cause de la justice : « Que la justice prévale » est une invitation, qui s’adresse à chacune d’entre nous, à être pleinement attentive aux besoins des pauvres et des faibles, et à ne jamais relâcher nos efforts, dans la prière comme dans l’action, en faveur de la justice.

 S’informer pour prier – prier pour agir

Les femmes de la Bible 5

La fille de Jaïrus

Le texte qui évoque la fille de Jaïrus, ne dit pas son nom, mais son âge, douze ans : c’est le temps du passage de l’enfance au début de l’âge adulte. Moment souvent difficile et mouvementé tant pour le l’adolescente (l’adolescent) que pour ses parents. Il situe aussi sa filiation : elle est la fille unique du chef de la Synagogue au 1er siècle, au temps où vécut Jésus.

Elle est malade, presque morte lorsque le texte de l’Evangile l’évoque. Son père va supplier ce rabbi, suspect au regard de la Synagogue mais qui semble capable de beaucoup de choses, de venir « lui imposer les mains » pour la guérir, pour qu’elle vive. A ce moment-là, des gens viennent annoncer sa mort et tente de chasser ce père éploré. Mais Jésus le rassure,  lui demande de croire, et consent à faire un détour pour la visiter.

Il arrive. La maisonnée et le voisinage sont en larmes. Jésus leur demande pourquoi tous ces pleurs puisque la jeune adolescente n’est pas morte, mais endormie. On se moque de lui.

Il fait de la place, met les moqueurs à la porte, et ne garde avec lui que ses fidèles compagnons : Pierre,Jacques et Jean et le père et la mère. Puis, il parle à la petite gisante, l’appelle, lui prend la main, lui dit : « Ma petite fille, réveille-toi, je te l’ordonne ! ». Son souffle revint , dit un des traducteurs. « Elle se leva et se mit à marcher ».

Par la manière dont il la rappelle à la vie, Jésus l’introduit à une seconde filiation, celle de la spiritualité. Elle peut alors passer de l’inactivité d’un objet à l’activité de la vie adulte : être debout et capable d’avancer, de marcher  sur deux jambes en s’appuyant sur deux dimensions de sa vie : naturelle et spirituelle. Avant de s’en aller, Jésus recommande le silence sur cette affaire, et surtout de nourrir la jeune fille.

Note : ce récit, que suit le texte ci-dessus, se trouve dans l’Evangile de Luc 8, 40-56, mais aussi dans celui de Marc 5,21-43 et de Matthieu 9,18-26. Les traducteurs hésitent entre une résurrection et un « rappel à la vie », ou une guérison, rappelons à ce propos que les termes «  se lever » ou «  se relever » font partie de la sémantique de la résurrection.

Autre point de vue sur ce récit :

F. Dolto, Résurrection de la fille de Jaïre, L’Evangile au risque de la psychanalyse, Delarge, 1977,p.105ss.Analyse toujours actuelle.

Les femmes de la Bible. 4

Tsippora



Son nom : Tsippora (ou cippora ou sephora) il signifie, petit oiseau, passereau. Au féminin : « l’oiselle ».

Tsippora vient de l’étranger, du pays de Koush, c’est – à – dire aujourd’hui l’Ethiopie, c’est pourquoi elle a la peau sombre. Fille adoptive du prêtre de Madiân, Jéthro, qui l’aurait recueillie toute jeune  lors d’un naufrage auquel elle aurait échappé. Cette jeune femme est nommée à plusieurs reprises dans le Livre de l’Exode, et une fois dans celui des Nombres.

La rencontre au puits, Ex. 2,16–22. Deux groupes, l’un de bergers, l’autre de bergères (les sept filles de Jéthro ) se retrouvent chaque jour au puits pour abreuver leurs troupeaux. Mais, les premiers molestent souvent les secondes pour obtenir d’elles la priorité de l’accès à l’eau ou le service de pompage de l’eau. Le jeune Moïse assiste un jour à cette scène de violence et s’élance au secours de ces jeunes étrangères, puis, les aide à donner à boire aux bêtes. La victoire est acquise, il s’en va. Les filles rentrent plus tôt que d’habitude à la maison Leur père, surpris, les questionne. Dans leur récit, la situation de violence se révèle et aussi l’aide inattendue apportée par un jeune étranger inconnu.

L’intégration de l’étranger jusqu’à l’alliance familiale. Le père envoie Tsippora chercher le jeune homme. Il accepte l’invitation. Jéthro lui offre le pain. Puis, sa fille Tsippora, en mariage, non sans l’avoir consultée auparavant. L’affaire est conclue. Moïse et Tsippora auront deux fils. Le premier se nommera « Gershôm, soit « Etranger-là » pour marquer ce temps de la vie de Moïse où il est devenu un émigré. Le second se nommera « Eliezer », soit « Mon Dieu est secours – car : « C’est le Dieu de mon père qui est venu à mon secours et m’a délivré de l’épée de pharaon », Ex.18, 4. Tsippora va partager la vie de son époux. Elle part en Egypte avec lui et ses fils, Ex. 4, 18-20.

Tsippora : une aide pour Moïse. Moïse, l’Hébreu qui a grandi dans la culture égyptienne aussi, fut donc intégré à la culture de Madiân, et Tsippora, la fille adoptée de Jéthro, fut, par ce mariage, intégrée à deux cultures aussi. Deux épisodes montrent que l’intelligence et l’amour de Tsippora fut utiles à Moïse, et au moins une fois, lui sauvèrent la vie.

Le premier : au cours du retour de Moïse vers l’Egypte, chose surprenante, Dieu l’attaque,  Ex. 4, 24ss : « Or, en chemin, à la halte, le Seigneur l’aborda et chercha à le faire mourir. Tsippora prit un silex, coupa le prépuce de son fils et lui en toucha les pieds en disant ‘ Tu es pour moi un époux de sang ‘ ».  Et il le laissa. ».

Dans une note, la TOB éclaire ces versets énigmatiques, en les situant comme une petite tradition madiânite intégrée dans ce récit, sur la circoncision des fils de Tsippora, L’expression hébraïque, utilisée par ce texte, pourrait alors signifier « Protégé par le sang ». Certains commentateurs y ont vu l’annonce discrète du salut des premiers-nés d’Israël.

Le second épisode : Jéthro, le père de Tsippora, va rejoindre Moïse qui campe au désert, à cinq jours de marche,  avec sa fille et ses enfants. Entre ces deux récits, il reste un désaccord, puisqu’ici elle n’était pas avec son époux, mais retournée chez son père. A cause de l’alliance familiale sans doute, Jéthro se rend au camp de Moïse pour le soutenir de ses biens et de son expérience, en particulier dans la gestion de la vie du peuple et des conflits à régler, Ex. ch. 18,13ss. Puis, il repart chez lui.

Dans le Livre des Nombres,12,1. Myriam, la sœur de Moïse, le critique à cause de la femme koushite qu’il avait épousée. Il y a de fortes chances que celle qui est ainsi désignée soit Tsippora ( TOB, note h.). Le Seigneur défend son humble serviteur Moïse, et  sa femme, et punit la sœur. Ainsi, la situation familiale se dégrade, en particulier envers l’étrangère. Selon la version de M. Halter, l’histoire finit très mal : ses deux enfants meurent piétinés par la foule qui se bouscule pour voir Moïse revenir du Sinaï. Et elle – même, chassée du camp, cherchant à retourner chez son père, tombe dans un traquenard tendu par une de ses sœur, où elle meurt.

Une partie de la tradition souligne qu’au moment où Moïse mis en place les lois devant régler la vie du peuple, le souvenir de sa bien-aimée épouse lui rappela la nécessité de protéger  l’étranger, d’où : «Tu accueilleras l’étranger dans ta maison comme l’un des tiens parce que tu as été étranger dans le pays d’Égypte. ». D’après la tradition juive, Tsippora serait enterrée au tombeau des Matriarches à Hébron.

Pendant longtemps, la culture européenne a transformé Tsippora en une femme blanche. Durant la Renaissance, Botticelli la représente dans « Les épreuves de Moïse » et Michel-Ange la peint dans la Chapelle Sixtine à Rome entrain de circoncire son fils dans le désert, c’est une blanche aux yeux bleus. Dans les films de type « péplum », tel le très célèbre « Les Dix commandements, (1956) » de Cecil B. DeMille, le rôle de Tsippora fut interprété par la blonde Yvonne De Carlo.

Pour aborder d’autres aspects de cette partie de la Bible, on peut lire :

Abécassis A., Puits de guerre, sources de paix, Cerf, 2003

Bolli Michèle, « Violence, filiation, justice », pour « Religions et Violence », le Congrès de l’AIEMPR, Strasbourg, été 2006. Site : www. aiempr.org.

Halter M., Tsippora, Laffont, 2003

Image : d’après la  couverture du livre de M. Halter et la peinture de K. Blixen.

Page réalisée par Michèle Bolli

Documentation



Sitographie


http://www.theologinnen.ch/romandie
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http://www.feps.ch


http://www.ucfvaud.ch ou info.ucf@bluewin.ch


Ruban Blanc contre la violence envers les femmes, www.ruban-blanc.ch


Rencontres ‘PluriElles’ 2009,  thème : Au nom de la loi, je vous aime. 2010 L’argent


Audiovisuel

Jacqueline Veuve, cinéaste. voir ‘Bonne Nouvelle’, septembre 2010

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Bibliographie

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Femmes, hommes, et sociétés

Concilier travail et famille

Que reste-t-il du deuxième revenu d’une famille lorsque les frais de crèche et les impôts ont été payés ? (pdf ) conférence romande de l’égalité.

Magdalena Rosende, Nathalie Benelli eds., Laboratoires du travail, Editions Antipodes, Lausanne, 2008


Education, formation, développement personnel

Corinne et Martine Chaponnière, La mixité, Des hommes et des femmes, Infolio,2006.

L’ouvrage examine la manière dont la mixité s’inscrit dans la société, l’éducation, le travail et la politique, à travers des expériences pionnières, des progrès et des régressions.

‘Femmes en formation: tout change…et tout reste à faire ! cahier 123, juin 2009, UNIGE, Faculté de psychologie et des sciences de l’éducation, collection ‘pratiques  et théorie’.

L’évolution du champ ‘Femmes et Formation’, le bilan de trente ans d’enseignement et de séminaires à l’Université de Genève, section Sc. de l’Education. Préfacé et postfacé par les deux premières professeures, Mmes R. Darcy de Oliveira et M. Chaponnière; et rédigé par Mme E. Ollagnier, professeure. Trois femmes, trois sensibilités, trois époques. Et de nombreuses citations de réflexions d’étudiantes font prendre la mesure d’une époque de changement très importante pour les femmes et les hommes.

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Eléments pour comprendre le judaïsme et le féminin

Marek HALTER, Sarah, La Bible au féminin 1, Pocket, 2003

 »          »   , Tsippora,    »        »     »          2, Pocket, 2003

 »          »   ,  Lilah,         »         »      »        3, Pocket, 2004

 »          »   ,  Marie, Robert Laffont, 2006

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Eléments pour comprendre l’Islam et le féminin

Annemarie Schimmel, L’islam au féminin, La femme musulmane dans la spiritualité musulmane, A.Michel, Paris, 2000

Mireille VALLETTE, Islamophobie ou légitime défiance ?,Egalité des sexes et démocratie: les Suisses face à l’intégrisme islamique, Favre, 2009,coll. débat public

* Martine GOZLAN, Pour comprendre l’intégrisme islamiste, A.Michel, Paris,1995, 2002

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Histoire

Dufourg Elisabeth, Histoire des chrétiennes, L’autre moitié de l’Evangile, Bayard, Paris, 2008.

Adler Laure, L’insoumise, récit, Actes Sud, 2008. Une biographie de Simone Weil, celle que l’on a parfois nommée : une sainte laïque.


Les femmes de la Bible 3: Marie

Marie et l’annonciation

Que faisais-tu Marie lorsque Dieu entra chez toi ?

Quelle heure était-il et comment était le ciel en ce jour-là ?

Etais-tu les mains jointes et le coeur en attente ? Ou bien près de l’âtre où cuit la nourriture ?

Avais-tu mis le grand tablier de toile grise ou cet habit de fête tout chamarré de joie ?

Quelque chose au fond de toi t’avait-il avertie que les pas de lumière marchaient vers ta maison

ou bien cette annonce de vie que disait Dieu est-elle venue chez toi un jour ordinaire ?

J’ose espérer, Marie, que c’est en un jour comme les autres que tu fus visitée.

J’ose espérer que tu faisais des choses simples…

… j’aimerais penser que tes mains pétrissaient la pâte et que tu avais un peu de froment répandu sur ta robe.

J’aime à penser que l’ange, en arrivant, interrompit ta besogne et que bien vite tu essuyas tes doigts au coin du tablier.

J’aimerais que l’ange soit entré là où la vie se déroule sans se dire, sur la trame égale des gestes répétés.

J’aimerais cela, Marie, et presque avec supplique car alors je saurai que chaque jour

Dieu peut venir et déposer dans le coeur ses confidences

Je saurai que je peux être, à ta suite, choisie pour aujourd’hui et mon voisin pour demain

et qu’ensemble nous pourrions faire résonner le chant de la vie bien au-delà de nos possibles.

Line Dépraz

« Marie avant le ‘fiat’ « , Sculpture de Boris Lejeune, artiste contemporain

Autres regards sur Marie :

Marek Halter, Marie, roman, R.Laffont, 2006

Michel Leplay, Le protestantisme et Marie, une belle éclaircie, Labor et Fides, 2000

Sylvie Barnay, « La sainte famille ….recomposée », Le Monde de la Bible,155, p.49ss

Solidarité internationale : « Non aux violences sexuelles contre les femmes ».

« Non aux violences sexuelles contre les femmes ». C’est le message important que l’on peut retenir de la troisième édition de la marche mondiale des femmes ( qui a lieu tous les cinq ans) organisée du 14 au 17 octobre à Bukavu, capitale de la province du Sud-Kivu, dans l’est de la République démocratique du Congo. Des milliers des femmes venues de plus de 160 pays se sont mobilisées aux côtés de plus de 900 Congolaises venues des onze provinces de la RDC afin de dénoncer toutes les formes de violences faites aux femmes.

La RSR  consacre à cet événement 2 émissions ‘Babylone’ : 10 et 11 novembre à 19h.

Voir aussi les reportages sur You Tube.com

Portraits d’aujourd’hui

Anne-Sylvie Martin

Ministère « Présence et Solidarité » dans la région de la Venoge, essentiellement  en aumônerie d’EMS

Trois questions :

1. En tant que femme, comment vivez-vous votre ministère ? Est-ce que le fait d’être une femme a été plutôt un atout ou un handicap ?

– Je vis bien mon ministère de diacre en tant que femme, même si le travail à la maison (préparation de mes recueillements) n’est pas toujours évident à concilier avec l’énergie de mon petit garçon de 15 mois !

J’aime pourtant que le ministère ne soit pas coupé de la vie concrète, c’est une source d’inspiration pour moi.

Il me semble qu’être une femme m’a justement permis de garder un ancrage dans un quotidien qui rejoint beaucoup de personnes aujourd’hui.

2.     Présentez-nous un livre qui vous a porté ces derniers temps et dont vous conseilleriez la lecture :

– Le Dictionnaire amoureux de la Bible de D. Decoin, bien écrit et poétique !

3.     Dans la Bible, pouvez-vous choisir un personnage, un épisode ou un verset qui vous porte actuellement ?

– A chaque jour suffit sa peine! (Matthieu 6.34).

Un texte liturgique :

Pourriez-vous nous transmettre un texte liturgique que vous aimez ou que vous avez composé ?

– Une confession de foi, pas trop longue j’espère….

 » Quand je regarde mon fils dormir, je crois en un Dieu qui nous a faits chair et os pour arpenter Sa Création et s’en émerveiller.

Quand je me sens à bout de forces, je crois en un Dieu Père qui m’accueille telle que je suis.

Quand je croise la méchanceté ou la bêtise, je me souviens que chaque être humain a du prix aux yeux de ce Dieu qui nous aime de manière inconditionnelle… A ce titre, je me souviens aussi que le pardon que je donne est fruit de Son Pardon.

Quand je fais face à des émotions difficiles, je crois en Jésus, qui a Lui aussi pleuré sur cette terre; je crois qu’Il est venu nous rejoindre en notre plus intime et que chaque jour, Il refait ce chemin du Dieu jusqu’à l’homme pour être avec nous.

Quand j’accompagne des gens endeuillés, je crois que Lui aussi est mort, sur une croix et que ce jour-là, Il a effectivement crié à l’abandon. Je crois dans le bienfait de ce cri et si je le peux, j’aide à ce qu’il émerge chez ceux qui en ont besoin, y compris moi-même.

Quand je recroise quelqu’un que j’ai accompagné et qu’il me dit « merci » avec une lueur plus sereine dans le regard, je crois en la Résurrection; je crois que le Christ est passé par ce chemin pour vaincre toutes nos peurs et nous pousser vers l’Espoir.

Quand je ne décolère pas de notre insuffisance et de l’injustice qui règne sur terre, je me souviens que Jésus a promis qu’Il reviendrait pour établir un monde nouveau…

Jusqu’à ce jour, je crois en Sa Vie insufflée dans l’Eglise, malgré ses limites humaines. Je crois que l’Esprit la guide et la guidera pour faire face à tous les défis spirituels qui l’attendent et continuer d’annoncer l’Evangile.

Quand je vois la diversité de nos émotions et la mosaïque de la Foi en mes semblables, je crois en l’étincelle de l’Esprit en chacun de nous. Même au coeur de la souffrance, malgré le handicap le plus grave et jusqu’au seuil de la mort, je nous crois capables de Dieu ».

Propos recueillis par Laurence Bohnenblust-Pidoux

Les femmes de la Bible 2 : Déborah

Déborah

prophétesse, juge, cheffe de guerre

Déborah : ce mot, ce nom, signifie abeille, mais il évoque aussi l’harmonie et sa racine hébraïque est la même que celle de parler, ce qui évoque la capacité de communiquer.

Il y a deux Déborah connues dans les textes bibliques, l’une est la nourrice de Rébecca l’une des matriarches du Livre de la Genèse. C’est la seconde, la plus connue, qui nous intéressera ici. Elle appartient au Livre des Juges.

Déborah femme prophétesse, épouse de Lapidoth, ce texte la désigne par sa féminité, sa fonction, son statut. De plus, elle démêle les situations embrouillées, elle est juge. Elle siège, en plein air comme c’était la coutume, sous le palmier de Débora, entre Ramah et Beth El, sur le mont Ephraïm. Les Israélites montent vers elle pour régler leurs conflits comme le dit Jg.4, 4-5. Or ces deux lieux ne sont pas anodins : l’un, Rama (hauteur) est l’autre nom de Bethléhem où fut enterrée Rachel, la femme aimée de Jacob, et l’autre, Beth El, est l’ancien nom de Jérusalem, lieu ainsi nommé quand Jacob se réveilla de son rêve d’échelle qui reliait terre et ciel. Déborah ne choisit pas son territoire au hasard, se tenant là précisément « elle rapproche les cœurs des amants séparés, elle unit Israël et diaspora, elle rassemble le cœur de toute la communauté «  dira P. Haddad. C’est pourquoi elle se tiendra sous le palmier car « De même que le palmier n’a qu’un cœur ainsi tout le peuple durant le règne de Déborah n’avait qu’un cœur », dit le traité Méguilah (14a).

Mais Déborah est aussi une femme d’action. Au XIIe s. environ av. J.-C., la situation est difficile pour les tribus israélites. Les Cananéens veulent les réduire en esclavage ou les chasser du pays. Ils menacent de couper les tribus du nord de celles du sud en occupant la plaine d’Esdrelon.

Entre le général ennemi Sisera et Déborah deux mondes s’affrontent que le sens de leurs noms indiquent : le premier évoque le broyage, le concassage, l’action violente ; le second évoque l’intelligence qui sait séparer les éléments, soit discerner, ou encore la flamme qui éclaire (par son lien à son mari nommé Lapidoth, mot qui contient le terme ‘lapid : la flamme ou, autre interprétation, par les mèches qu’elle préparait pour le chandelier du temple). Elle a donc une intelligence qui discerne et éclaire. On comprend ainsi sa fonction de juge et de prophétesse. Alors que le roi ennemi et son général renvoient à la conquête des espaces géographiques, « une femme au discernement effectif reconstruit la parole, repousse l’obscurité et fait régner la justice » dit Haddad.

Débora s’adresse à un chef militaire Baraq (l’éclair). Au nom du Seigneur elle demande à ce chef de la tribu de Nephtali, de rassembler dix milles hommes sur le mont Tabor. Lui sait que sa  propre puissance, si elle a la fulgurance de l’éclair, ne dure pas, aussi il lui répond : « Si tu m’accompagnes j’irai, sinon je n‘irai point ». Il veut s’appuyer aussi sur l’intelligence lumineuse de Débora. Il veut qu’elle l’accompagne sur les montagnes. Elle accepta. Le général cananéen Sisera déploie ses chars. Au jour choisi, Débora demande à Baraq de passer à l’attaque. Une pluie torrentielle s’abat sur la vallée. Les chars des Cananéens s’embourbent. C’est la panique. (On pense à l’exode et aux chars égyptiens bloqués et submergés). Les cananéens sont vaincus et leur général en fuite sera tué par une autre femme, Yaël (Jg. 4,4-22). Ayant allié leurs compétences, Baraq et Débora obtiennent la victoire. Et nous dit le texte, ensemble il la chante « Et Déborah chanta avec Baraq fils d’Avinoam ce jour là ». Plus loin dans ce poème, elle se nomme comme mère protectrice faisant régner la paix :

« Les commanderies avaient cessé en Israël, avaient cessé jusqu’à ce que je me sois levée, Débora, que je me sois levée, mère en Israël », Jg.5,7. Et le texte conclut en rappelant que le pays fut tranquille durant quarante ans.La lectrice, le lecteur, de la Bible connaît cette histoire par deux formes d’écriture : d’une part, un long poème épique, qui était vraisemblablement chanté, pour célébrer la victoire, puis, utilisé pour célébrer d’autres victoires. Ce chant de Déborah (Jg.5,1-31) est un des très anciens textes de la Bible. Et de l’autre, le récit, plus récent, de cette bataille, Jg. 4,1-24.

De retour d’un périple en Israël, j’avais dédié un petit poème à cette étonnante femme de la Bible:

Débora

Mère debout, mère en armes

Toi qui affronta et défit les ennemis de ton Israël

N’entends-tu pas ?

Les plaintes des enfants qui montent encore de cette terre

Encore pris aux filets de la guerre

Encore en quête d’un peu de paix

D’un rien d’amour…

Extrait  de poème de Michèle Bolli, Margelles.

Déborah 2

Ci-dessus : image web : eg.org/lit/bible/hist./juges3.htm

P. Haddad, Ces Hommes qui parlaient, Réflexion sur le prophétisme, Laurens, Paris, 1997