La disciple passionnée
Marie-Madeleine serait née en l’an 3 de notre ère et aurait été la fille de l’archiprêtre Syrus le Yaïrite, prêtre de David. Son père officiait dans la synagogue de Capharnaüm. Eucharie, sa mère, aurait appartenu à la lignée royale d’Israël, mais non davidique. Originaire de la ville de Magdala (de l’hébreu migdal, « tour »), sur la rive occidentale du lac de Tibériade, Marie de Magdala était une femme qui, selon le Nouveau Testament, a été délivrée d’une grave maladie psychique (sept démons) par Jésus (Evangile de Luc, VIII, 2). Elle devint une de ses disciples — peut-être la disciple femme la plus importante du Christ —, et le suivit jusqu’à sa mort (Evangile de Marc, XV, 40-1).
Elle est également la femme la plus présente du Nouveau Testament. Elle fut le premier témoin de la Résurrection de Jésus (Évangile de Marc, XVI, 1s ; Evangile de Matthieu XXVIII, 9), mais elle ne le reconnaît pas tout de suite, et essaie de le toucher, ce qui lui vaudra la phrase : « Ne me touche pas ».
Elle est très présente, de diverses manières, dans la tradition chrétienne : tantôt comme que figure antithétique de Marie, la vierge-mère, elle exprime alors le personnage de la pécheresse repentie. Et, on la représente alors avec les cheveux défaits, répandus sur son corps presque dénudé, comme une des prostituées de Palestine, mais les mains jointes et/ou à genoux. Elle porte parfois le prénom de Marie-Madeleine. Tantôt comme la disciple fidèle et passionnée. Ou encore comme la leader féminine du ‘groupe de disciples de Jésus’, en concurrence avec Pierre, et proche de Jean. C’est ainsi qu’un texte apocryphe, du codex de Berlin, écrit en copte à la fin du II° s. porte son nom L’Evangile de Marie. Il fait état de dialogues entre Jésus et Marie, la positionnant comme son interlocutrice privilégiée, et porte un éclairage différent sur l’homogénéité du groupe qui suivait Jésus, moins parfaitement aimant, devant aussi parfois gérer des conflits.
Marie de Magdala est la figure de l’amour pour Jésus. Cela lui permet de rester en contact proche avec lui, depuis le moment où elle le rencontre jusqu’à sa mort. Et, à sa résurrection, de faire le chemin de reconnaissance (voir le texte de G. Haldas, notamment) qui permet que la relation reprenne vie. Amour qu’elle reçoit aussi de lui, comme ses autres proches. Selon l’Evangile de Jean, elle sera envoyée par le Ressuscité auprès des autres pour leur annoncer le commencement de cette vie nouvelle avec lui. Cela même en fait une apôtre à part entière puisqu’elle répond aux deux critères qui déterminent généralement cette f onction : avoir été présente aux moments les plus importants de l’existence de Jésus (en particulier : sa mort – rappelons qu’elle a fait partie des rares personnes présentes au pied de la croix – et sa résurrection) et avoir été envoyée, par lui, comme porte-parole.
Elle est ainsi un exemple d’une vie féminine de disciple, entièrement accomplie.
On peut lire encore à son sujet :
Histoire du texte : Bernadette Neipp, Marie-Madeleine femme et apôtre. La curieuse histoire d’un malentendu.
Iconographie : Régis Burnet, Marie-Madeleine (Ier ‑ XXIe siècle) : De la pécheresse repentie à l’épouse de Jésus : histoire de la réception d’une figure biblique.
Méditation : Georges Haldas, Mémoire et résurrection.
Images du haut : Marie Madeleine repentante, 1593-94, Huile sur toile, Rome