Les femmes de la Bible 5

La fille de Jaïrus

Le texte qui évoque la fille de Jaïrus, ne dit pas son nom, mais son âge, douze ans : c’est le temps du passage de l’enfance au début de l’âge adulte. Moment souvent difficile et mouvementé tant pour le l’adolescente (l’adolescent) que pour ses parents. Il situe aussi sa filiation : elle est la fille unique du chef de la Synagogue au 1er siècle, au temps où vécut Jésus.

Elle est malade, presque morte lorsque le texte de l’Evangile l’évoque. Son père va supplier ce rabbi, suspect au regard de la Synagogue mais qui semble capable de beaucoup de choses, de venir « lui imposer les mains » pour la guérir, pour qu’elle vive. A ce moment-là, des gens viennent annoncer sa mort et tente de chasser ce père éploré. Mais Jésus le rassure,  lui demande de croire, et consent à faire un détour pour la visiter.

Il arrive. La maisonnée et le voisinage sont en larmes. Jésus leur demande pourquoi tous ces pleurs puisque la jeune adolescente n’est pas morte, mais endormie. On se moque de lui.

Il fait de la place, met les moqueurs à la porte, et ne garde avec lui que ses fidèles compagnons : Pierre,Jacques et Jean et le père et la mère. Puis, il parle à la petite gisante, l’appelle, lui prend la main, lui dit : « Ma petite fille, réveille-toi, je te l’ordonne ! ». Son souffle revint , dit un des traducteurs. « Elle se leva et se mit à marcher ».

Par la manière dont il la rappelle à la vie, Jésus l’introduit à une seconde filiation, celle de la spiritualité. Elle peut alors passer de l’inactivité d’un objet à l’activité de la vie adulte : être debout et capable d’avancer, de marcher  sur deux jambes en s’appuyant sur deux dimensions de sa vie : naturelle et spirituelle. Avant de s’en aller, Jésus recommande le silence sur cette affaire, et surtout de nourrir la jeune fille.

Note : ce récit, que suit le texte ci-dessus, se trouve dans l’Evangile de Luc 8, 40-56, mais aussi dans celui de Marc 5,21-43 et de Matthieu 9,18-26. Les traducteurs hésitent entre une résurrection et un « rappel à la vie », ou une guérison, rappelons à ce propos que les termes «  se lever » ou «  se relever » font partie de la sémantique de la résurrection.

Autre point de vue sur ce récit :

F. Dolto, Résurrection de la fille de Jaïre, L’Evangile au risque de la psychanalyse, Delarge, 1977,p.105ss.Analyse toujours actuelle.