Tsippora

Son nom : Tsippora (ou cippora ou sephora) il signifie, petit oiseau, passereau. Au féminin : « l’oiselle ».
Tsippora vient de l’étranger, du pays de Koush, c’est – à – dire aujourd’hui l’Ethiopie, c’est pourquoi elle a la peau sombre. Fille adoptive du prêtre de Madiân, Jéthro, qui l’aurait recueillie toute jeune lors d’un naufrage auquel elle aurait échappé. Cette jeune femme est nommée à plusieurs reprises dans le Livre de l’Exode, et une fois dans celui des Nombres.
La rencontre au puits, Ex. 2,16–22. Deux groupes, l’un de bergers, l’autre de bergères (les sept filles de Jéthro ) se retrouvent chaque jour au puits pour abreuver leurs troupeaux. Mais, les premiers molestent souvent les secondes pour obtenir d’elles la priorité de l’accès à l’eau ou le service de pompage de l’eau. Le jeune Moïse assiste un jour à cette scène de violence et s’élance au secours de ces jeunes étrangères, puis, les aide à donner à boire aux bêtes. La victoire est acquise, il s’en va. Les filles rentrent plus tôt que d’habitude à la maison Leur père, surpris, les questionne. Dans leur récit, la situation de violence se révèle et aussi l’aide inattendue apportée par un jeune étranger inconnu.
L’intégration de l’étranger jusqu’à l’alliance familiale. Le père envoie Tsippora chercher le jeune homme. Il accepte l’invitation. Jéthro lui offre le pain. Puis, sa fille Tsippora, en mariage, non sans l’avoir consultée auparavant. L’affaire est conclue. Moïse et Tsippora auront deux fils. Le premier se nommera « Gershôm, soit « Etranger-là » pour marquer ce temps de la vie de Moïse où il est devenu un émigré. Le second se nommera « Eliezer », soit « Mon Dieu est secours – car : « C’est le Dieu de mon père qui est venu à mon secours et m’a délivré de l’épée de pharaon », Ex.18, 4. Tsippora va partager la vie de son époux. Elle part en Egypte avec lui et ses fils, Ex. 4, 18-20.
Tsippora : une aide pour Moïse. Moïse, l’Hébreu qui a grandi dans la culture égyptienne aussi, fut donc intégré à la culture de Madiân, et Tsippora, la fille adoptée de Jéthro, fut, par ce mariage, intégrée à deux cultures aussi. Deux épisodes montrent que l’intelligence et l’amour de Tsippora fut utiles à Moïse, et au moins une fois, lui sauvèrent la vie.
Le premier : au cours du retour de Moïse vers l’Egypte, chose surprenante, Dieu l’attaque, Ex. 4, 24ss : « Or, en chemin, à la halte, le Seigneur l’aborda et chercha à le faire mourir. Tsippora prit un silex, coupa le prépuce de son fils et lui en toucha les pieds en disant ‘ Tu es pour moi un époux de sang ‘ ». Et il le laissa. ».
Dans une note, la TOB éclaire ces versets énigmatiques, en les situant comme une petite tradition madiânite intégrée dans ce récit, sur la circoncision des fils de Tsippora, L’expression hébraïque, utilisée par ce texte, pourrait alors signifier « Protégé par le sang ». Certains commentateurs y ont vu l’annonce discrète du salut des premiers-nés d’Israël.
Le second épisode : Jéthro, le père de Tsippora, va rejoindre Moïse qui campe au désert, à cinq jours de marche, avec sa fille et ses enfants. Entre ces deux récits, il reste un désaccord, puisqu’ici elle n’était pas avec son époux, mais retournée chez son père. A cause de l’alliance familiale sans doute, Jéthro se rend au camp de Moïse pour le soutenir de ses biens et de son expérience, en particulier dans la gestion de la vie du peuple et des conflits à régler, Ex. ch. 18,13ss. Puis, il repart chez lui.
Dans le Livre des Nombres,12,1. Myriam, la sœur de Moïse, le critique à cause de la femme koushite qu’il avait épousée. Il y a de fortes chances que celle qui est ainsi désignée soit Tsippora ( TOB, note h.). Le Seigneur défend son humble serviteur Moïse, et sa femme, et punit la sœur. Ainsi, la situation familiale se dégrade, en particulier envers l’étrangère. Selon la version de M. Halter, l’histoire finit très mal : ses deux enfants meurent piétinés par la foule qui se bouscule pour voir Moïse revenir du Sinaï. Et elle – même, chassée du camp, cherchant à retourner chez son père, tombe dans un traquenard tendu par une de ses sœur, où elle meurt.
Une partie de la tradition souligne qu’au moment où Moïse mis en place les lois devant régler la vie du peuple, le souvenir de sa bien-aimée épouse lui rappela la nécessité de protéger l’étranger, d’où : «Tu accueilleras l’étranger dans ta maison comme l’un des tiens parce que tu as été étranger dans le pays d’Égypte. ». D’après la tradition juive, Tsippora serait enterrée au tombeau des Matriarches à Hébron.
Pendant longtemps, la culture européenne a transformé Tsippora en une femme blanche. Durant la Renaissance, Botticelli la représente dans « Les épreuves de Moïse » et Michel-Ange la peint dans la Chapelle Sixtine à Rome entrain de circoncire son fils dans le désert, c’est une blanche aux yeux bleus. Dans les films de type « péplum », tel le très célèbre « Les Dix commandements, (1956) » de Cecil B. DeMille, le rôle de Tsippora fut interprété par la blonde Yvonne De Carlo.
Pour aborder d’autres aspects de cette partie de la Bible, on peut lire :
Abécassis A., Puits de guerre, sources de paix, Cerf, 2003
Bolli Michèle, « Violence, filiation, justice », pour « Religions et Violence », le Congrès de l’AIEMPR, Strasbourg, été 2006. Site : www. aiempr.org.
Halter M., Tsippora, Laffont, 2003
Image : d’après la couverture du livre de M. Halter et la peinture de K. Blixen.
Page réalisée par Michèle Bolli